Vers une réduction des capacités d’accueil en Master MEEF EPS

Dans un billet récent, Nous avons essayé de prévoir les scénarios envisageables suite aux annonces du Ministère de l’Education Nationale relatives au nombre (restreint) de contrats d’alternance proposés pour les étudiants de seconde année de master MEEF. Le premier scénario envisageait la coexistence, en seconde année de master, d’étudiants alternants, rémunérés et bénéficiant d’un stage en responsabilité, et d’étudiants ne pouvant qu’accéder à des stages d’observation. Nous nous m’inquiétions alors des effets délétères de cette inégalité de traitement pour des étudiants préparant un concours national au sein d’un master universitaire. Le second était celui d’une réduction des capacités d’accueil en première année de master, afin de permettre à tous les étudiants accédant en master 2 de bénéficier de ces contrats d’alternance.

L’INSPE de Grenoble vient clairement de trancher en faveur du second scénario. D’une manière générale, les capacités d’accueil en M1 MEEF pour la prochaine rentrée sont revues légèrement à la baisse : « Elles ont été définies en accord avec le rectorat et les DSDEN, afin que l’INSPE et le rectorat soient en capacité de proposer des stages alternants en 1/3 temps en responsabilité pour les entrants en M2 MEEF à la rentrée 2020-2021 ».

Cette baisse des capacités d’accueil devrait être sans impact pour les mentions Professorat des Ecoles et Encadrement Educatif du fait du non remplissage de la capacité publiée les années précédentes. Pour la plupart des parcours de la mention second degré la réduction devrait être marginale, dans la mesure où les effectifs de ces parcours n’atteignent pas pour le moment les capacités de contrats d’alternance proposés par le rectorat.

Le problème se pose différemment pour le parcours MEEF EPS, au niveau duquel le nombre d’étudiants accédant en master 2 risque d’excéder largement le nombre de contrats d’alternants disponibles. Le Conseil de l’INSPE a donc pris la décision de réduire de manière significative les capacités d’accueil en Master 1, dès la rentrée prochaine. Le rectorat ne pourra garantir que 45 à 55 stages en alternance, quand par ailleurs 120 à 150 étudiants se présentent chaque année au CAPEPS, pour 30 à 35 lauréats. Le Conseil justifie cette décision en disant qu’il « a jugé irresponsable de continuer d’entrainer un tel nombre d’étudiants vers une poursuite d’étude ne débouchant pas sur l’insertion professionnelle visée ».

On imagine les réactions que cette décision ne manquera pas d’engendrer, tant de la part des étudiants qui vont se voir bloqués à l’entrée du Master MEEF et dans l’impossibilité de passer les concours de recrutement (alors que c’était pour beaucoup leur projet initial en entrant en STAPS), que de la part des enseignants qui réalisaient une partie de leur service dans ces masters. On pourra aisément exploiter les frustrations des uns et des autres.

Il sera sans doute plus difficile de reconnaître que c’est une décision lucide et courageuse, qui repose sur un principe fondamental : L’université n’est pas obligée de vendre du rêve aux étudiants, de les laisser s’enliser dans des années stériles d’études qui ne génèreront que frustrations et rancœurs. Sauf à multiplier par 10 le nombre de postes aux concours (ce que l’on peut toujours évidemment réclamer), il va falloir avoir le courage de dire aux étudiants ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.

Il faut aussi comprendre que ce qui se profile (du moins pour le CAPEPS), si la majorité des INSPE adoptent les mêmes principes, c’est un premier palier d’admissibilité, qui se situerait à l’entrée du Master. Palier officieux bien sûr, mais certainement très sélectif, puisque d’après les chiffres dont on dispose, tant au niveau national que régional, il y aurait à peu près 3 contrats d’alternance pour 2 postes au concours. Ce qui veut dire que le nombre de contrats ne couvrirait même pas le nombre d’admissibles au concours (classiquement deux admissibles pour un poste). En d’autres termes, les INSPE finiraient par former moins d’étudiants que le concours n’attendrait de candidats admissibles.

Plus grave, cette pré-admissibilité sera réalisée de manière décentralisée, sur la base des résultats de Licence, sur des critères locaux définis par chaque université. Joli résultat pour ceux qui ont activement milité pour le report du concours en fin de master, afin de lui conserver son caractère national… Il aurait fallu réfléchir un peu plus avant de se ranger du côté de ceux qui disaient que le concours avait « vocation » à se situer en Master 2. Une connaissance minimale des formations universitaires aurait permis d’anticiper ce qui va se passer maintenant. Nous avons suffisamment débattu de ces problèmes sur ce blog pour ne pas y revenir.

Enfin ces évolutions rendent de plus en plus pressante la nécessité de diversifier les voies de professionnalisation en Licence Education et Motricité. A l’heure actuelle c’est 40% des étudiants inscrits en STAPS qui s’inscrivent dans cette mention. Il serait irresponsable de ne leur proposer qu’une formation visant exclusivement l’entrée dans un master qui risque de réduire sévèrement ses capacités d’accueil. La diversification des parcours au sein de cette mention, notamment en direction des métiers du sport éducatif et citoyen, de la réinsertion, de la prévention, constitue un axe de travail privilégié par la Conférence des Directeurs de STAPS.

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