Un bilan de réussite de la première promotion ParcourSup en STAPS

Au terme de l’année universitaire 2018-2019, nous sommes en mesure de dresser un bilan de réussite pour la première promotion d’étudiants STAPS issus de la procédure ParcourSup. 23 UFR et départements ont répondu à notre enquête, représentant un total de 11153 étudiants inscrits en 2018-2019. Ce billet sera remis à jour au fur et à mesure de l’arrivée des résultats des autres centres de formation. Cette enquête porte sur les résultats définitifs de l’année, après rattrapage. On pourra comparer ces résultats avec ceux de la première enquête que nous avons publiée voici quelques mois, à l’issue du premier semestre.

La figure 1 permet de comparer les résultats de la promotion 2017-2018 et ceux de la promotion 2018-2019, tous étudiants confondus (néo-entrants et redoublants). Le nombre d’étudiants décrocheurs croît légèrement par rapport aux résultats obtenus au semestre 1, mais reste toujours inférieur à celui relevé l’année précédente (14.57% en 2018-2019 contre 16.02% en 2017-2018). Les résultats globaux indiquent un pourcentage de réussite de 42.69% en 2017-2018, et 54.39% en 2018-2019, soit un gain de 11.7%. Ces résultats sont meilleurs que lors de l’enquête précédente, dans laquelle nous n’avions enregistré qu’un gain de 4.8%. Les présents résultats prennent en compte les rattrapages et la compensation entre semestres, ce qui peut expliquer la différence constatée. La moitié des étudiants se retrouve désormais dans l’intervalle de notes 10-13, ce qui n’était le cas que pour 36% d’entre eux au premier semestre. Cet effet se retrouve dans toutes les catégories de l’histogramme, les étudiants 2018-2019 présentant des pourcentages plus faibles dans les intervalles de notes situés en-dessous de la moyenne, et plus élevés dans les intervalles situés au-dessus. Ces tendances sont accrues lorsque l’on isole les néo-entrants, issus de la procédure ParcourSup.

 

Figure 1 : Répartition en pourcentages des résultats des étudiants inscrits en 2017-2018, en 2019-2019, et des néo-entrants de 2018-2019.

Ces résultats nationaux masquent cependant des disparités qui ne peuvent manquer de questionner. Certaines formations, qui présentaient déjà des pourcentages de réussite fort honorables, améliorent de près de 20% leurs performances. D’autres qui avaient des résultats plus modestes ne progressent guère, voire même régressent un peu. Les résultats sont parfois pollués par des changements de maquettes ou de modalités de contrôle des connaissances, liés au passage des vagues d’accréditation. Il n’en demeure pas moins que même si les STAPS ont fait des efforts louables pour homogénéiser au niveau national les cahiers des charges et les niveaux d’exigences, la réussite des étudiants reste intimement liée à des usages locaux, basés sur l’histoire de chaque UFR ou de l’université qui l’héberge. Le résultat moyen observé au niveau national semble découler de manière mécanique de la procédure de recrutement qui a nettement accru le pourcentage de baccalauréats généraux. Les variations autour de cette moyenne semblent relever de normes locales plus ou moins implicites, entre la volonté de faire fructifier cette nouvelle donne et le souci de ne pas donner l’impression de brader les diplômes.

La figure 2 illustre les résultats, au sein de la promotion 2018-2019, des étudiants « OUI » et « OUI SI ». A noter que ces résultats ne concernent que les formations ayant organisé des parcours adaptés pour les étudiants OUI SI, qui ne regroupent que 64% des étudiants inscrits en Licence 1 STAPS (certaines universités ayant notamment décidé de ne pas ouvrir de parcours adaptés en 2018-2019). Dans ces formations, les parcours adaptés représentent 15.87% des effectifs. On observe pour les OUI SI un pourcentage de décrocheurs plus élevé qu’au premier semestre (24.35% contre 17.97%). C’est sans doute la donnée la plus alarmante, même s’il est impossible à l’heure actuelle de la comparer avec une quelconque valeur de référence. Le pourcentage de réussite est de 52.09% pour les OUI et de 31.41% pour les OUI SI. Quand on connaît les pourcentages de réussite affichés au niveau général par d’autres disciplines universitaires (autour de 40%), ce taux moyen pour les parcours adaptés en STAPS reste quand même tout à fait honorable…

Figure 2 : Répartition en pourcentages des résultats des étudiants « OUI » et « OUI SI » néo-entrants de la promotion 2018-2019.

La procédure ParcourSup a mis fin au tirage au sort, qui sélectionnait ou éliminait de manière aveugle les candidats, quel que soit leur parcours antérieur. D’une manière générale, il est clair que les étudiants qui ont intégré la Licence STAPS cette année étaient mieux préparés à affronter les études supérieures. La procédure de classement proposée par la C3D a de ce point de vue bien rempli son rôle, et les résultats concernant les étudiants OUI SI montrent aussi que leur positionnement en parcours adapté était loin d’être injustifié.

Pour ceux qui doutaient a priori de la capacité de la procédure de classement de la C3D, on trouvera en figure 3 un graphique mettant en relation le classement attribué sur ParcourSup et la moyenne générale obtenue au premier semestre (données collectées par Fabrice Favret pour la promotion de Licence 1 de la Faculté des Sciences du Sport de Strasbourg). Ces données révèlent une corrélation de 0.645 entre les deux variables. Evidemment, le classement ParcourSup ne prédit pas à 100% les résultats obtenus en STAPS. C’est d’ailleurs plutôt rassurant, prouvant que certains peuvent se révéler dans un nouveau cycle d’études, et d’autres au contraire échouer malgré un profil favorable. Il n’en demeure pas moins que les attendus définis par la C3D collent de manière satisfaisante aux résultats obtenus par les étudiants.

Figure 3 : Relation entre le rang de classement sur ParcourSup et la moyenne générale obtenue au premier semestre (données collectées et mises en forme par F. Favret pour la Faculté des Sciences du Sport de Strasbourg).

Même si nous avons accru les capacités d’accueil à l’entrée en STAPS, nos formations restent en tension, et un certain nombre de candidats n’ont pu trouver de place. On peut néanmoins légitimement se demander si aller chercher des candidats plus loin dans le classement n’aurait pas institué un droit à l’échec universitaire.

Enfin les parcours adaptés n’ont été mis en place que dans peu d’universités (52% dans notre échantillon). On peut regretter ce faible engouement pour un dispositif qui constituait un maillon essentiel de la réforme. Il est par ailleurs difficile de juger un aménagement qui a été mis en place dans l’urgence à la rentrée 2018, et qui en est à sa première année de fonctionnement. On peut espérer le voir se généraliser à l’avenir, et surtout gagner en efficacité.

Enfin ces résultats augurent de taux de poursuite d’études plus importants en seconde année de Licence, ce qui va évidemment poser des problèmes d’encadrement pédagogique et de logistique d’installation. On peut espérer que les tutelles (ministère, rectorats et universités) ne laisseront pas les STAPS au milieu du gué et accompagneront budgétairement cet accroissement des effectifs.

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