Réforme du premier cycle universitaire : Synthèse des propositions de la C3D

Lors de la cinquième réunion du groupe de travail STAPS, Thierry Terret, rapporteur du groupe, a décliné en 24 points les propositions issues des précédents échanges. Si la C3D STAPS se félicite que l’ensemble de ces propositions reprenne peu ou prou celles qu’elle a patiemment avancées et défendues au cours des réunions du groupe, nous conservons une certaine frustration vis-à-vis de l’aspect linéaire de cette liste. Nous avons toujours tenté de réfléchir de manière systémique, liant entre elles nos propositions et tentant d’évaluer leurs conséquences probables. La liste proposée, sans priorité ni hiérarchie, chaque item étant au même niveau, ne rend sans doute pas assez compte de la richesse des échanges qui ont marqué ces cinq semaines de travail.

Il nous semble nécessaire, en complément de cette liste de propositions, de revenir sur les positions défendues par la C3D, et la manière dont nous avons abordé cette concertation. D’une manière générale, nous avons essayé d’éviter les positions idéologiques fermées, préférant le compromis et le dialogue. Il nous a notamment paru qu’il fallait éviter de caricaturer le problème en se focalisant sur la proposition de pré-requis, qui ne constitue qu’un des éléments du système.

Même si les STAPS ne sont qu’une discipline universitaire parmi d’autres, et donc susceptible de partager des préoccupations similaires, nous présentons un certain nombre de spécificités, liées tant à notre histoire qu’à la nature du champ professionnel qui justifie notre existence.

C’est tout d’abord un engagement de longue date pour la réussite des étudiants. Nous ne nous satisfaisons pas de l’échec massif frappant la première année de Licence. C’est un gâchis humain, social et budgétaire insupportable. L’université n’est pas là pour vendre du rêve, pour permettre aux étudiants de « tenter leur chance ». Son rôle est de les former, de leur donner les compétences dont ils ont besoin, et de favoriser la construction de leurs projets de vie.

C’est ensuite un souci récurrent de professionnalisation, à tous les niveaux du cursus. Ce souci s’est concrétisé depuis une quinzaine d’années par l’écriture concertée des fiches RNCP, la négociation de l’inscription de nos diplômes au Code du Sport et aussi la préservation de nos formations professionnelles à BAC+2 (DEUST). Nous rappelons également que la C3D a initié la mise en place d’une concertation avec les partenaires professionnels dans le cadre d’un conseil sectoriel national.

Nous avons également la spécificité (que nous partageons évidemment avec les disciplines de santé) de préparer nos étudiants à des métiers dont l’exercice engage la sécurité du public. Nous avons de ce fait une responsabilité réelle et conséquente dans la construction et l’évaluation des compétences de nos diplômés, à tous les niveaux de sortie du cursus.

Enfin nous restons attachés à la mixité sociale de nos promotions d’étudiants, sachant qu’elle constitue le creuset de la mixité sociale des professions auxquelles nous les préparons, notamment vers les métiers de l’éducation, de l’enseignement, de la réhabilitation, de l’entraînement.

Ces spécificités ont évidemment orienté nos propositions, et doivent en guider l’appréciation. Nous ne les considérons pas comme un modèle pour l’université, nous demandons qu’au moins on nous permette de les mettre en place à titre expérimental.

Ce que nous proposons, c’est un pacte, engageant les STAPS, mais plus largement le ministère de l’Enseignement Supérieur, les étudiants et leurs familles, les partenaires sociaux et le monde professionnel, et aussi les ministères partenaires (Education Nationale, Sports, Santé, Travail, etc.)

Parce que nous sommes persuadés que, sans discernement, l’accueil massif de tous les candidats postulant à la licence STAPS ne peut déboucher que sur l’échec récurrent et prévisible d’un certain nombre d’entre eux, nous demandons la mise en place prescriptive d’indicateurs multi-critériés. Il s’agit, au travers de l’analyse des compétences développées par les candidats dans quatre domaines (compétences scientifiques, littéraires, sportives et engagement citoyen), de les orienter vers la formation qui correspondra le mieux à leur profil.

Nous nous engageons évidemment, dans la mesure des moyens qui nous seront accordés, à mettre en place les parcours de réussite diversifiés et adaptés. A notre niveau, il s’agira notamment de développer les DEUST, en tant que formation professionnelle d’excellence des universités. Cette diversification des parcours, dans le cadre des métiers du sport et de l’activité physique, doit se déployer en complémentarité avec les autres systèmes de formation (ministère des Sports, Education Nationale, branche professionnelle, fédérations sportives), et s’intégrer au sein d’une politique de formation tout au long de la vie que la C3D s’engage à mettre en œuvre à tous les niveaux de ses cursus. La fluidification du parcours des étudiants au sein de ce système, et notamment les passerelles devant les relier, requièrent un accord relatif à une approche par blocs de compétences, qui doit constituer l’objectif central de la concertation entre ces diverses instances.

Nous nous engageons également à parfaire la cohérence et l’homogénéité de l’offre de formation sur l’ensemble du territoire, et à impulser une dynamique d’innovation pédagogique et d’échanges de bonne pratique pour améliorer la réussite.

Nous nous engageons enfin à assurer un suivi approfondi de la réussite des étudiants et au-delà de la valeur ajoutée de nos formations, et à analyser leurs déterminants sociaux et pédagogiques.

La C3D STAPS est prête à financer un poste de chargé de mission pour assurer le suivi national de ces propositions, mais aussi pour accompagner la mise en place de la formation tout au long de la vie et de la professionnalisation.

Nous tenons également à attirer l’attention sur la nécessité d’ensemble d’aménagements règlementaires, pour accompagner les évolutions que nous avons proposées.

Tout d’abord, nous regrettons fortement que les anciennes spécialités de Licence STAPS aient été regroupées en une seule mention dans le Cadre National des Formations. Il nous semble que la distinction de cinq mentions, inscrites au Code du Sport, serait nécessaire à la lisibilité de notre offre de formation et favorable à l’employabilité de nos diplômés.

Eu égard à notre responsabilité quant aux compétences réellement maitrisées par nos diplômés, le principe de compensation généralisée, inscrit dans l’arrêté Licence de 2011, est particulièrement inconséquent. Il nous semble nécessaire, le cas échéant à titre dérogatoire, de permettre aux Licences STAPS de s’en affranchir. D’une manière générale, et si c’est la voie vers laquelle l’université paraît s’orienter, les blocs de compétences ne peuvent être acquis que de manière indépendante.

Compte-tenu du cahier des charges que les diplômes STAPS doivent satisfaire, et ce dès les premiers semestres de la formation, il nous semble que toute proposition de « semestre d’orientation » généraliste serait irrecevable.

Enfin les spécificités des STAPS requièrent qu’elles soient reconnues dans toutes les universités en tant que domaine de formation autonome.

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